Beauté

 
un ouvrage est un reflet de celui qui l’a élaboré
la Création est image de Celui qui l’a créée
la vie dans l’Esprit crée des attitudes et des gestes qui dépassent les formes de l’art et atteignent la Beauté
si le moine cherchait à « faire de l’art », il sécréterait ce que le monde offre de plus accompli
si la Beauté Suprême est au coeur du moine, son être tout entier crée la Beauté
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la vie évangélique n’a pas besoin de la beauté pour l’exprimer, elle la dépasse infiniment
la vie évangélique vraie pourtant secrète une expression de ce qui est vrai, issue du plus pur de l’homme,
et qui s’exprime par des attitudes et des gestes qui forment la Beauté vraie
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un signe, naturel ou conventionnel, n’est signe que s’il révèle ce qui ne tombe pas immédiatement sous les sens
le rayonnement intérieur de la liturgie rend sensible la Beauté de Dieu qui ne peut pas se savoir

la « beauté » d’un objet peut arrêter l’attention de l’homme à elle-même
elle ne doit pas constituer un obstacle opaque à la Lumière de Dieu
de soi, elle doit la rayonner
le moine est appelé à être signe de la Lumière de Dieu
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la solennité nécessaire de la liturgie ne doit pas dissimuler la Présence humble et grave de Dieu
la splendeur de la liturgie des moines grecs avait révélé la véracité de la foi à la Russie

qui vivait dans l’attente de Dieu

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un « beau crucifix » ne doit pas occulter l’insupportable de la Croix
un « beau crucifix » avait « parlé » à Saint François et à Térèse d’Avila qui avaient un amour et une foi assez préparé à voir et entendre le langage de la Croix
le moine est préposé à faire percevoir dans un « beau crucifix » le langage de la Croix
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une belle cérémonie, à son niveau, n’est pas « réussie » si elle est belle, bien exécutée, bien réglée,
mais si elle révèle, à son niveau, aux hommes qui y participent,
la splendeur invisible et inimaginable de ce qui se passe parallèlement sur un autre plan – plus haut.