Bethel

le moine place l'axe de sa vie dans une orientation à chaque instant mise en cause ; chaque jour il fait le point puis reprend la route fixée vers où il tend sans en connaître le lieu, chez qui il se sait attendu sans connaître qui l’attend  -  mais il sait en qui il a mis sa foi

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un jour nous donnerons à toute chose une valeur différente,  radicalement autre, sa valeur réelle - nous serons dans la vérité ;

dès aujourd'hui, en toute chose, le moine cherche  plus loin, autre part, en vérité

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le moine a pour propos de demander à l'Esprit d'Amour de lui donner la Vie

si le monachisme devenait par malheur un style de vie, c'est que le moine qui en fait profession y aurait laissé croître le germe de mort qui existe en toute société humaine et d'abord en son propre coeur

à toute heure le moine tend donc l'oreille de son coeur, écoute l'Ecriture qui ne cesse de l'éveiller en lui disant « l'heure est venue de  te lever du sommeil de la mort ; ouvre tes yeux à la Lumière divine »

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tous les jours le moine se dépouille un peu plus de sa personne d'emprunt  pour se  revêtir  de l'homme nouveau ressuscité avec le Christ

                                                                      

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le moine ne vit pas dans le passé qui n'existe plus et il l'abandonne à Dieu

ni dans l'avenir qui n'existe pas et dont il ne sait rien : il s'en remet à Dieu

le moine ne se réfugie pas non plus dans le «  nulle part » du rêve ou du fantasme

le moine place toute son attention dans l’événement qui se présente à lui à chaque instant de sa vie et où il sait trouver Dieu qui est l'Éternellement Présent ;

il admet, il accepte, mieux encore, il veut toute circonstance de sa vie présente - il y adhère et en fait le point d'insertion, le point de départ et l'objet de sa louange

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le moine n'est pas moine pour lui-même - et pourtant c'est au monastère, en étant moine, qu'il trouve sa joie

le moine n'est pas moine  pour la joie d'être moine, mais pour la joie de Dieu qui la lui partage en l’appelant à être moine

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comme tout chrétien, le moine est appelé à devenir un autre Christ et à faire des choses plus grandes  que le Christ. Il lui faut seulement croire et attendre tout - même l'impossible

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le moine œuvre à devenir un autre "moi" pour le Christ

                                                               

le moine fait l'unité entre sa fonction et sa vie, entre son activité et  son être

son action est d'être

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