2ème Dimanche du Temps Ordinaire année C

Le premier signe

Jean 2, 1-11

Dieu transforme la matière pour que la joie de l’alliance bouleverse l’humain ! C’est pourquoi ils ont cru !  

Que s’est-il passé à Cana lorsque le Fils de Dieu accomplit son premier miracle ? Jésus Christ transforme la matière, il change l’eau en vin. Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu. Les disciples sont témoins de la toute-puissance de Dieu ; c’est pourquoi ils ont cru.

Que s’est-il passé à Cana ? De l’eau changée en vin, certes ! Mais de ce changement qui en a été témoin ? Assurément Jésus et les servants mais pour tous les autres – hormis Marie – c’est beaucoup moins sûr. L’intendant, les mariés, les invités n’ont rien su. Quant aux disciples, Jean omet de nous dire qu’ils ont goûté ce vin.

Que s’est-il passé à Cana ? Jean a accumulé les détails qui manifestent toute une succession de changements bien plus importants que ce changement matériel. Jean accumule des détails qui manifestent des changements dans les relations, dans les rôles de chacun. Nous sommes à un repas de noces ; Marie est invitée…et voici qu’elle se mêle de l’intendance ! Elle en vient même à jouer le rôle du Maître du repas : « Faites tout ce que mon fils vous dira ». Et voici les servants qui vont exécuter un ordre totalement incongru donné par celui qui, après tout, n’était qu’un invité !

Dieu étonne l'humanité

L’étonnant, ce n’est pas tant que Jésus transforme l’eau en vin. Le miracle, c’est peut-être d’abord que les servants écoutent Jésus alors qu’il leur donne un ordre inconvenant.

Ces jarres, en effet, étaient bien faites pour recevoir l’eau mais elles étaient destinées aux ablutions qui précèdent les repas. Ces jarres étaient en quelque sorte des bassines, des bassines sacrées. Il y avait là six jarres de pierre destinées aux purifications des Juifs. Jésus dit aux servants ; « Remplissez d’eau ces jarres… et portez-en au maître du repas. » Et les servants obéissent ! Tout est bouleversé ! Voici maintenant l’intendant, celui qui est chargé du bon ordre du repas, qui appelle le marié pour lui dire : « Tu as gardé le bon vin pour la fin ! » Mais ce n’était pas le rôle du marié, le jour de son mariage, de se soucier de la succession des vins ; c’était précisément à l’intendant de le faire.

Tout est bouleversé, toutes les fonctions sociales, toutes les relations sont changées. L’eau changée en vin est le signe de ces bouleversements. Le premier miracle de Jésus réside dans tous ces bouleversements à l’intérieur de l’humanité et pas seulement dans l’eau qui devient du vin. La volonté de Jésus n’est pas de changer spectaculairement de l’eau en vin. Sa volonté, c’est que la joie de la noce ne soit pas affadie, qu’elle puisse couler à profusion comme du bon vin.

Dieu célèbre les noces pour nous faire naître à sa joie !

Jésus, à Cana, a voulu que la joie ne manque pas et le miracle, c’est que sa volonté est contagieuse. Chacun s’y met, se déplace, écoute l’autre quitte à sortir de son rôle établi. Jésus écoute Marie. Les servants écoutent Jésus. La volonté de créer de la joie et de la fête est plus forte que l’incohérence, l’inconvenance que chacun est amené à faire.

Le miracle n’aurait pas eu lieu sans cette volonté commune. Le miracle, c’est qu’une volonté commune surgisse par-delà les rôles fixés et les individus isolés. Le miracle c’est que tous s’unissent pour que les noces ne soient pas gâchées. Le miracle réside dans cette alliance, grâce à Jésus, entre tous. Tous, par Jésus, entrent dans l’alliance. Tous célèbrent l’alliance. Les invités et les servants autant que les mariés célèbrent les noces de Dieu avec l’humanité.

A Cana de Galilée Jésus manifeste qu’à l’intérieur de l’ordre humain établi l’impossible devient possible lorsque les hommes écoutent Jésus, lorsqu’ils acceptent de s’entendre, de s’allier. C’est le premier miracle de Jésus. Les disciples ont cru et la gloire de Dieu s’est manifestée. Croire au miracle, c’est affirmer envers et contre tout – quitte à être traité d’utopique ou de fou – qu’au nom de Jésus les hommes peuvent se rejoindre et s’allier. C’est reconnaître, dans cette alliance, la Gloire de Dieu qui se manifeste comme à Cana en Galilée.