33ème Dimanche du Temps Ordinaire année C

C'est la dernière visite de Jésus à Jérusalem. Certains de ceux qui l'accompagnent s'émerveillent de la beauté du temple. Jésus, quant à lui, ressent tout autre chose. Son regard prophétique perçoit le temple avec une profondeur nouvelle : dans ce lieu magnifique, le royaume de Dieu n'est pas accueilli. C'est pourquoi Jésus déclare que tout est accompli : « Quant à ces choses que vous voyez, les jours viendront où il ne restera plus pierre sur pierre ; tout sera détruit. »
Soudain, ses paroles brisèrent l'illusion qui régnait aux alentours du temple. Ce splendide édifice entretenait une fausse illusion d'éternité. Cette pratique religieuse, sans embrasser la justice divine ni écouter les cris des souffrants, était trompeuse et éphémère : « Tout cela sera détruit. »
Les paroles de Jésus ne sont pas nées de la colère, encore moins du mépris ou du ressentiment. Luc lui-même nous dit un peu plus tôt que, lorsque Jésus approcha de Jérusalem et vit la ville, il « pleura ». Ses larmes sont prophétiques. Les puissants ne pleurent pas. Le prophète de la compassion, lui, pleure.
Jésus pleure devant Jérusalem car il aime cette ville plus que tout. Il pleure pour une « vieille religion » qui ne s’ouvre pas au royaume de Dieu. Ses larmes expriment sa solidarité avec la souffrance de son peuple, et en même temps sa critique radicale de ce système religieux qui fait obstacle à la visite de Dieu : Jérusalem, la ville de la paix, « ne sait pas ce qui mène à la paix », car « cela lui est caché ».
Les actions de Jésus éclairent considérablement la situation actuelle. Parfois, en temps de crise comme celle que nous traversons, le seul moyen d'ouvrir la voie à la nouveauté créatrice du royaume de Dieu est de mettre fin à ce qui alimente une religion dépassée, incapable de produire la vie que Dieu veut insuffler au monde.
Mettre fin à une pratique vécue pendant des siècles n'est pas chose aisée. Cela ne se fait pas en condamnant ceux qui veulent la préserver comme éternelle et absolue. Cela se fait dans la douleur, car les changements qu'exige la conversion au Royaume de Dieu causent des souffrances à beaucoup. Les prophètes dénoncent le péché de l'Église avec des larmes.