23ème Dimanche du Temps Ordinaire année C

Quand on est chrétien, l’important c’est d’aimer et d’agir plutôt que de faire des discours. Les discoureurs viennent toujours tout compliquer ; là où nul ne pensait à se poser une question, ils formulent des problèmes et n’ont de cesse de vouloir les résoudre. Ils nous enferment dans des discussions sans fin.

Avant de passer à l’action, il faut toujours qu’ils prennent du recul. Mais ce temps de réflexion est perdu pour tout le monde : il aurait pu être tellement mieux utilisé à s’occuper des autres.

Pour nombre de chrétiens, mieux vaut agir que de penser, mieux vaut aimer que réfléchir ! 
Et pourtant, Jésus, dans cet Evangile, se situe résolument dans le camp  de ceux qui pensent qu’ Il est préférable, dit-il, de penser un peu avant d’agir. Jésus est tout le contraire d’un opportuniste. Il ne trompe personne et ne promet aucun bonheur facile : au contraire il nous demande de poser la question : sommes-nous prêts à renoncer à tout pour nous mettre en chemin derrière lui vers Jérusalem, à être serviteur, à donner sa vie en le préférant à tous ceux qu’on aime par amour jusqu’au don de soi ? 

La question

Voici, à la suite de Jésus, sur les routes de Palestine, des foules de croyants, « des foules nombreuses » qui, spontanément, se sont mises à « marcher derrière lui. 
Mais Jésus se retournant, leur dit : « Pas de précipitation ! Avant de passer à l’action pesez, jugez, évaluez où tout cela peut vous mener, sinon vous risquez d’être grotesques comme celui qui se met trop vite à la tâche et « n’a pas les moyens d’achever. »

Jésus a laissé les foules le suivre sans se poser la moindre question, mais arrive le moment où, de ces foules, il veut faire des disciples. Ces hommes et ces femmes sont venus à lui sans trop savoir pourquoi. Aujourd’hui, il les oblige à s’arrêter.
 Pour ne pas s’en tenir à la spontanéité ou à l’enthousiasme du départ, il les oblige à se poser des problèmes. Jésus invite les foules à s’asseoir avant de passer à l’action.

Ainsi, dans toute démarche de croyant, vient le moment où il nous faut prendre le temps de nous poser la question : « Suis-je prêt à suivre Jésus jusqu’au bout ? Suis-je prêt à tout quitter pour le suivre ? Suis-je prêt à le préférer à tout même « à mes proches, même à ma propre vie ? » Devenir disciple de Jésus Christ c’est avoir pris le temps de répondre « oui » à cette question.

La décision

En vérité Jésus, en nous contraignant à nous asseoir, ne vient-il pas briser notre bel enthousiasme ? Ne joue-t-il pas à qui nous oblige à nous poser des questions que nous préférerions ne pas regarder en face ?

En fait, Jésus ne veut prendre personne de court. Il prévient. Il nous prévient que, passé l’enthousiasme du départ, vouloir être son disciple c’est aller comme lui jusqu’au bout.
 Parmi les foules qui suivent Jésus ce jour-là beaucoup refuseront la question. Ils ne décideront rien. Ils ne prendront pas même le temps de dire « non ». Et, toute leur vie durant, ils demeureront d’éternels indécis. Ils seront des hommes d’action qui prendront la fuite dès la première difficulté. Parmi les foules, ce jour-là, Jésus n’aura pas fait un seul disciple : tous l’auront quitté à l’heure de sa passion !

Devenir disciple de Jésus Christ c’est, après être passé par l’enthousiasme du départ, avoir un jour pris le temps de lui dire ce « oui » ! Il est indispensable pour l’emporter sur tous les « non » que nous risquons de poser dans les tempêtes de la vie. 
Ce « oui » prononcé un jour, nous permet de découvrir jour après jour que nous sommes tout-à-fait incapables de suivre Jésus jusqu’au bout, malgré le désir qu’un jour nous avons eu de le faire. Ce « oui » nous permet de découvrir notre impuissance sans pour autant nous y arrêter. Il nous permet de devenir véritablement disciples de Jésus-Christ : acculés à compter sur Dieu et non sur nous-mêmes pour nous tenir fidèlement. Nous pouvons alors progressivement apprendre à devenir fidèles, non par notre propre force mais… grâce à Dieu… par grâce !