Création musicale

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Veni creator

Le jour de la Pentecôte a eu lieu, à l’abbaye de Belloc, la création à l’orgue des Trois Paraphrases sur le Veni Creator de Naji HAKIM

Création veut dire que c’est la première fois que cette œuvre est interprétée publiquement. Elle sera ensuite jouée à travers le monde, au fil du temps.

Le Dr Naji HAKIM a composé ces trois pièces liturgiques ou de concert, en l'honneur de l'Esprit-Saint, à la demande de la Communauté des Bénédictines d’Urt et de la sœur organiste.

Les trois mouvements ont été joués au cours de la Messe de la Pentecôte,
pendant l’Offertoire (1er mvt), la Communion (2ème mvt) et la Sortie (3ème mvt).

Les titres des trois mouvements respectifs sont tirés des versets de l'hymne Veni Creator :
1. Ductore sic te praevio (Que sous ta prévenante conduite)
2. Fons vivus (La source vive)
3. Virtute firmans perpeti (Par ton éternelle vigueur)

Ecoutez ci-dessous le 2ème mouvement (Fons vivus) ; le compositeur le commente ainsi :
« Le mouvement central contraste par son caractère fluide et léger » et cite la parole de Jésus dans l’Evangile de St Jean : "Nul, s'il ne renaît de l'eau et de l'Esprit, n'entrera dans le Royaume de Dieu." (Jean 3,5).

Cette pièce, admirablement construite, commence par jouer sur les premières notes de l’hymne : sol-la-sol-fa-sol-la
Veni creator
que le compositeur développe et commente, telle une guirlande, tout au long de la pièce, dans un rythme ternaire, ce qui accentue le caractère fluide et léger. 
Il traite aussi ce petit motif (en augmentation pour les initiés) sous une forme plus incisive vers la fin du mouvement : non plus en triolets, mais une simple petite croche piquée sur chaque temps. On pourrait songer à six petites gouttelettes d’eau. Ce dessin de croches piquées et légères apparaît d’ailleurs dès le début du mouvement.
Mais Naji Hakim traite aussi de manière très fine et subtile les autres incises de l’hymne : 
« mentes tuorum » : do-sol-la-do-ré-do (dans les parties A et B) ; 
« imple superna gratia » : do-ré-mi-do-si-la-sol-do-ré-sol-la-do (dans la partie B) ; 
« quae tu creasti » : si-do-la-sol-fa-la ( dans la partie A’) et toujours dans un rythme ternaire.
L’ensemble du mouvement est bâti dans une forme Lied varié (A B A’) assez libre - ce qui ne veut pas dire anarchique, loin s’en faut ! - dans laquelle le compositeur allie avec bonheur, selon son habitude, souplesse et imagination dans le discours mélodique, en même temps que très grande rigueur et logique, notamment au niveau des carrures. Ce dernier aspect serait trop long à développer ici. 
L’oreille ne peut pas non plus ne pas être sensible à la « couleur » de la pièce provoquée notamment par des changements subits de tonalités éloignées s’enchaînant pourtant bellement, grâce à un procédé technique que nous tairons ici pour ne pas être trop barbare !

On remarquera aussi le soin de l’écriture que le compositeur apporte à chaque ligne : main droite, main gauche et Pédalier, lorsque celles-ci se superposent. Rien qu’un exemple parmi tant d’autres :
                                    Extrait du 2ème mouvement cliquer sur l'image pour l'agrandir
reproduction du manuscrit avec l'aimable autorisation du compositeur
Pendant que la main droite, à partir de la 3ème mesure déroule gracieusement sa guirlande sur le thème de « imple superna gratia », on reconnaîtra à la main gauche le motif syncopé et incisif qui court depuis le début de la pièce à travers toute la partition. Pendant ce temps, par contraste avec la main gauche, le Pédalier soutient le tout par un beau contrechant legato d’intervalles expressifs. La meilleure façon d’en prendre conscience est de jouer les deux mains tout en chantant - avec le nom des notes - la partie du Pédalier (Avis aux organistes qui travailleront cette œuvre).

Un simple petit détail qui vaut de l’or et met en lumière l'écriture toute de dentelle du compositeur :

 Détail du 2ème mouvement
reproduction du manuscrit avec l'aimable autorisation du compositeur

La mesure à 12:8 fait la transition entre les mesures précédentes qui commentaient librement les premières notes du Veni Creator et les suivantes qui commenteront le « imple superna gratia ». Remarquez la petite cellule entourée en rouge qui passe de la main droite au Pédalier puis à la main gauche, permettant ainsi d’effectuer la transition en douceur …
Mais point n’est besoin d’insister : le lecteur aura compris, d’une part devant quel musicien il se trouve et d’autre part que l’enthousiasme de l’auteur de ces lignes repose, non pas tant sur sa subjectivité, que sur des constatations rigoureusement objectives.
Place à la musique ! Voici ce 2ème mouvement (« enregistrement- maison » par la sœur organiste), avec l’aimable autorisation du maître, cette œuvre n’ayant pas encore été l’objet d’un enregistrement sur CD, mais … (cf. bas de page)

 

 

 Manuscrit des Trois Paraphrases sur le Veni Creator

 
...  cela ne va pas tarder … Si vous voulez en savoir davantage, cliquez ici !
PS : Cette oeuvre Trois paraphrases sur le Veni Creator vient d'être publiée chez Schott :
Trois Paraphrases sur le Veni Creator Spiritus
(cliquer sur l'image)